Malgré la maladie de la vache folle, on peut encore nourrir les cochons avec des restes de table... à condition de les faire cuire. Ou comment les décisions rapides, même si elles peuvent être nécessaires sur le coup méritent d'être révisées....
'http://www.cam.ac.uk/research/news/feeding-food-waste-to-pigs-could-save-vast-swathes-of-threatened-forest-and-savannah
Eko
+ Eqko : une perspective plus quotidienne sur les avatars de nos sociétés...
14 décembre 2015
10 décembre 2015
L'Alberta, province apauvrie
Eh oui, on
y est!
Look at the date : Claude Picher a écrit ceci en 2008!
Et même si on ne trouve pas dans son texte le terme "syndrome hollandais", c'est bien de cela qui s'agit. Quoiqu'on pourrait aussi l'appeler désormais syndrome vénézuélien...
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L'Alberta, future province pauvre ?
Claude Picher, La Presse, 27 mai 2008
Look at the date : Claude Picher a écrit ceci en 2008!
Et même si on ne trouve pas dans son texte le terme "syndrome hollandais", c'est bien de cela qui s'agit. Quoiqu'on pourrait aussi l'appeler désormais syndrome vénézuélien...
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L'Alberta, future province pauvre ?
Claude Picher, La Presse, 27 mai 2008
Voilà un titre qui peut sembler proprement inimaginable. L'Alberta, la riche
Alberta qui roule sur l'or, pourrait connaître d'importants problèmes
financiers d'ici quelques années.
Évidemment, au premier coup d'oeil, rien ne laisse supposer cela. Le gouvernement provincial a complètement éliminé sa dette en 2001. Depuis sept ans, il accumule les surplus; aux dernières nouvelles, il a ainsi amassé une cagnotte de 36 milliards.
Ce montant représente essentiellement les excédents budgétaires, et n'a donc rien à voir avec le Heritage Fund, créé dans les années 70 par le gouvernement de Peter Lougheed, et qui est alimenté avec les redevances pétrolières. Ce fonds frise aujourd'hui les 17 milliards.
La province dispose donc d'un solide coussin financier de 53 milliards. Et comme on n'est jamais trop prudent, le gouvernement albertain a voté l'an dernier la Fiscal Responsibility Act. La nouvelle loi impose notamment une limite au financement des dépenses à même les redevances pétrolières. Au-delà de ce seuil, toutes les redevances seront versées dans un Fonds de stabilisation.
Dans ces conditions, on peut certainement penser que les finances publiques albertaines, de loin les plus saines au pays, semblent bel et bien à l'abri de n'importe quel coup dur.
Ce n'est pas si certain que cela, constatent les économistes Leslie Shiell et Colin Busby, dans une étude que vient de publier l'Institut C.D. Howe.
Les finances publiques albertaines sont lourdement dépendantes des prix pétroliers et gaziers. L'ensemble des redevances et autres revenus provenant de ce secteur représente 30% des revenus budgétaires de la province, contre 32% pour les impôts sur le revenu des particuliers. Autrement dit, sans le pétrole, l'Alberta devrait doubler le fardeau fiscal de ses citoyens.
Quand les prix sont élevés, comme c'est le cas maintenant, les recettes budgétaires explosent; en fait, entre 1999 et 2006, les redevances pétrolières versées au gouvernement albertain ont augmenté de 152%; la province en a profité pour éliminer sa dette, baisser les impôts et augmenter ses dépenses de programmes de 80%.
Mais quand les prix baissent, les recettes baissent et la province doit créer des déficits; on oublie souvent que l'Alberta, qui croule aujourd'hui sous l'opulence, traînait jusqu'à aussi récemment que 1994 une dette de 13 milliards.
L'instabilité des redevances pétrolières est un problème connu et documenté depuis longtemps. Les auteurs reconnaissent d'ailleurs d'emblée que les gouvernements albertains, depuis 1948, c'est-à-dire depuis qu'on a trouvé les premiers puits de pétrole, ont bien su gérer cette situation, comme en témoigne son solide coussin financier.
L'avenir est moins rose. Certes, il ne faut pas s'attendre à ce que les prix pétroliers se mettent à reculer prochainement. En revanche, le gouvernement de la province ne peut pas s'attendre à ce que les redevances augmentent de 150% tous les cinq ou six ans.
Si on se place dans une perspective à long terme, les réserves pétrolières de l'Alberta seront épuisées en 2095. S'il veut éviter de frapper un mur, le gouvernement albertain doit trouver le moyen de remplacer ses redevances par des revenus de placement.
Pour cela, il lui faudra beaucoup beaucoup d'argent, d'autant plus que l'économie albertaine, hors pétrole, n'est pas très performante: entre 1981 et 2006, si l'on ne tient pas compte des ressources, le taux de croissance annuel moyen de l'économie albertaine se situait à 1,2% seulement. C'est très faible.
Or, les revenus de placement provenant des surplus budgétaires actuels, ainsi que du Heritage Fund, sont largement insuffisants pour remplacer les redevances. Même la nouvelle Fiscal Responsibility Act sera insuffisante.
Selon les projections du C.D. Howe, il faudrait que l'Alberta augmente considérablement son effort d'épargne. Il lui faudrait commencer dès maintenant à mettre de côté pas moins de 15 milliards par année pendant les cinq prochaines années.
Ainsi, au fur et à mesure que les redevances diminueront, elles seront remplacées par des revenus de placement. Mais l'objectif est tellement énorme qu'on voit mal comment le gouvernement pourrait s'y conformer: ces 15 milliards représentent 139% des redevances! Pourtant, sans cela, dans 15, 20, 30 ans, l'Alberta ne vivra plus que sur la nostalgie de sa richesse passée.
Mais il y a pire. Les auteurs basent leurs calculs sur un scénario conventionnel, où les prix du pétrole se maintiennent. Or, sur une aussi longue période, il peut se passer énormément de choses.
Les technologies alternatives (voitures moins gourmandes, hybrides ou électriques), le développement d'autres sources d'énergie et de chaleur (éolien, hydroélectricité, nucléaire), les contraintes environnementales de plus en plus exigeantes peuvent bien faire en sorte que la demande de pétrole, et les prix qui vont avec, s'effondrent bien avant l'épuisement de la ressource. Si cela se produit, l'Alberta risque de frapper le mur encore plus tôt.
Évidemment, au premier coup d'oeil, rien ne laisse supposer cela. Le gouvernement provincial a complètement éliminé sa dette en 2001. Depuis sept ans, il accumule les surplus; aux dernières nouvelles, il a ainsi amassé une cagnotte de 36 milliards.
Ce montant représente essentiellement les excédents budgétaires, et n'a donc rien à voir avec le Heritage Fund, créé dans les années 70 par le gouvernement de Peter Lougheed, et qui est alimenté avec les redevances pétrolières. Ce fonds frise aujourd'hui les 17 milliards.
La province dispose donc d'un solide coussin financier de 53 milliards. Et comme on n'est jamais trop prudent, le gouvernement albertain a voté l'an dernier la Fiscal Responsibility Act. La nouvelle loi impose notamment une limite au financement des dépenses à même les redevances pétrolières. Au-delà de ce seuil, toutes les redevances seront versées dans un Fonds de stabilisation.
Dans ces conditions, on peut certainement penser que les finances publiques albertaines, de loin les plus saines au pays, semblent bel et bien à l'abri de n'importe quel coup dur.
Ce n'est pas si certain que cela, constatent les économistes Leslie Shiell et Colin Busby, dans une étude que vient de publier l'Institut C.D. Howe.
Les finances publiques albertaines sont lourdement dépendantes des prix pétroliers et gaziers. L'ensemble des redevances et autres revenus provenant de ce secteur représente 30% des revenus budgétaires de la province, contre 32% pour les impôts sur le revenu des particuliers. Autrement dit, sans le pétrole, l'Alberta devrait doubler le fardeau fiscal de ses citoyens.
Quand les prix sont élevés, comme c'est le cas maintenant, les recettes budgétaires explosent; en fait, entre 1999 et 2006, les redevances pétrolières versées au gouvernement albertain ont augmenté de 152%; la province en a profité pour éliminer sa dette, baisser les impôts et augmenter ses dépenses de programmes de 80%.
Mais quand les prix baissent, les recettes baissent et la province doit créer des déficits; on oublie souvent que l'Alberta, qui croule aujourd'hui sous l'opulence, traînait jusqu'à aussi récemment que 1994 une dette de 13 milliards.
L'instabilité des redevances pétrolières est un problème connu et documenté depuis longtemps. Les auteurs reconnaissent d'ailleurs d'emblée que les gouvernements albertains, depuis 1948, c'est-à-dire depuis qu'on a trouvé les premiers puits de pétrole, ont bien su gérer cette situation, comme en témoigne son solide coussin financier.
L'avenir est moins rose. Certes, il ne faut pas s'attendre à ce que les prix pétroliers se mettent à reculer prochainement. En revanche, le gouvernement de la province ne peut pas s'attendre à ce que les redevances augmentent de 150% tous les cinq ou six ans.
Si on se place dans une perspective à long terme, les réserves pétrolières de l'Alberta seront épuisées en 2095. S'il veut éviter de frapper un mur, le gouvernement albertain doit trouver le moyen de remplacer ses redevances par des revenus de placement.
Pour cela, il lui faudra beaucoup beaucoup d'argent, d'autant plus que l'économie albertaine, hors pétrole, n'est pas très performante: entre 1981 et 2006, si l'on ne tient pas compte des ressources, le taux de croissance annuel moyen de l'économie albertaine se situait à 1,2% seulement. C'est très faible.
Or, les revenus de placement provenant des surplus budgétaires actuels, ainsi que du Heritage Fund, sont largement insuffisants pour remplacer les redevances. Même la nouvelle Fiscal Responsibility Act sera insuffisante.
Selon les projections du C.D. Howe, il faudrait que l'Alberta augmente considérablement son effort d'épargne. Il lui faudrait commencer dès maintenant à mettre de côté pas moins de 15 milliards par année pendant les cinq prochaines années.
Ainsi, au fur et à mesure que les redevances diminueront, elles seront remplacées par des revenus de placement. Mais l'objectif est tellement énorme qu'on voit mal comment le gouvernement pourrait s'y conformer: ces 15 milliards représentent 139% des redevances! Pourtant, sans cela, dans 15, 20, 30 ans, l'Alberta ne vivra plus que sur la nostalgie de sa richesse passée.
Mais il y a pire. Les auteurs basent leurs calculs sur un scénario conventionnel, où les prix du pétrole se maintiennent. Or, sur une aussi longue période, il peut se passer énormément de choses.
Les technologies alternatives (voitures moins gourmandes, hybrides ou électriques), le développement d'autres sources d'énergie et de chaleur (éolien, hydroélectricité, nucléaire), les contraintes environnementales de plus en plus exigeantes peuvent bien faire en sorte que la demande de pétrole, et les prix qui vont avec, s'effondrent bien avant l'épuisement de la ressource. Si cela se produit, l'Alberta risque de frapper le mur encore plus tôt.
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