Eko
+ Eqko : une perspective plus quotidienne sur les avatars de nos sociétés...
9 novembre 2006
Nouvelle promesse, nouvelle difficulté. Je n'en ferai plus, c'est promis... ou si? Toujours est-il que cette semaine est tombée la nouvelle d'une importante découverte concernant le gène Hox. On savait déjà que ce gène est responsable de l'organisation dans l'espace du développement de l'embryon. Il s'avère, suite à l'expérience du docteur Marie Kmita, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (article à paraître dans Nature le 23 octobre), qu'il détermine aussi l'organisation et le développement des différents membres. C'est-à-dire que la position et la forme du pouce, par exemple, sont directement déterminées par un gène préexistant dans le génome et activé -- les premiers communiqués ne disent pas comment -- à un endroit spécifique du corps.
Un des intérets de cette découverte est qu'elle montre que certaines des caractéristiques les plus "adaptatives" de certaines espèces (ici, les mammifères) découlent non pas d'un processus progressif mais bel et bien d'une mutation soudaine et en quelque sorte "ready-made". En ce sens, il pourrait fournir de l'eau au moulin de ceux des darwinistes qui, comme Stephen Jay Gould, qui pensent que les contraintes structurelles et (ou) accidentelles jouent un rôle considérable dans l'évolution et (ou) s'opposent à la thèse selon laquelle l'adaptation est le maître mot de l'évolution. Je suis en train de lire la somme de Stephen Gould intitulée The Structure of Evolutianary Theory et peut-être pourrai-je vous en dire plus à ce sujet dans quelque temps, mais peut-être pas... Ce débat, en effet, m'a toujours paru mal fondé.
Sans doute, en tant que paléonthologue, Gould a-t-il raison d'insister sur le fait que certains "chainons manquants" postulés par les adaptationistes radicaux manquent, mais la théorie moderne de l'évolution postule obligatoirement une certaine quantité de mutations à sélectionner. Inversement, une mutation invivable -- et le gène Hox a sûrement fait l'objet de nombre de celles-ci -- ne sera pas conservée. Je ne vois donc pas là un problème fondamental pour la théorie de l'évolution, mais plutôt une occasion de raffiner notre connaissance des processus réellement en oeuvre. Par ailleurs, comme on l'a vu récemment avec l'essor de l'épigénétique -- ou même avec l'opposition entre inné et acquis --, certains débats théoriques se "dissolvent" purement et simplement au fur et à mesure que la science progresse.
Il semble en fait que les scientifiques ne soient pas à l'abri d'une maladie qui affecte au premier chef les philosophes : celle du tout ou rien. Sans doute une hypothèse scientifique doit-elle être confirmée ou infirmée -- il n'y a pas de demi-mesure. Mais il arrive que la question soit tout simplement mal posée et (ou) ne puisse être tranchée par l'expérience. Dans ce cas, on pourrait s'attendre à ce que le scientifique fasse preuve de prudence... Mais peut-être l'esprit humain est-il ainsi fait qu'il lui faille s'appuyer sur des certitudes, fussent-elles factices, pour avancer? À suivre...
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